Québec

Contexte

Trois sous-populations d’ours blancs fréquentent le Québec :

  • Sud de la baie d’Hudson;
  • Bassin Foxe;
  • Détroit de Davis.

Ces sous-populations d’ours blancs fréquentent également des provinces, des territoires et des pays adjacents. Les orientations de gestion requièrent donc une coordination entre les diverses autorités responsables.

Au Québec, la récolte des ours blancs s’effectue principalement dans les régions marines adjacentes au territoire québécois (Région marine d’Eeyou [RME] et Région marine du Nunavik [RMN]). Sur le territoire québécois et dans les régions marines adjacentes, la récolte de cette espèce est réservée aux Cris et aux Inuits, dans le respect des accords sur les revendications territoriales présentés ci-dessous.

Un plan de gestion de l’ours blanc est en cours d’élaboration pour le Québec, la RME et la RMN. Ce plan vise à maintenir de saines populations d’ours blancs, représentant une composante importante de l’écosystème local, afin que les générations actuelles et futures puissent en bénéficier d’une manière qui respecte et incarne les droits, la culture et les traditions des Inuits du Nunavik et des Cris d’Eeyou Istchee. Il permettra également d’orienter la gestion de l’ours blanc dans le respect des rôles, des responsabilités et des pouvoirs de chaque organisation en cause dans sa zone d’application.

Selon l’état des sous-populations d’ours blancs et les objectifs de gestion convenus entre les parties, diverses mesures réglementaires pourraient être nécessaires pour baliser la récolte d’ours blancs, telles que des prises totales autorisées et des limites non quantitatives, dont certaines sont déjà préconisées.


Autorités responsables, accords et organismes engagés dans la gestion

Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) est mandaté par le Gouvernement du Québec pour assurer la gestion des espèces fauniques et de leurs habitats. Dans le nord du Québec, la gestion de la faune est régie par la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ). La gestion de cette espèce est réalisée en collaboration avec le Comité conjoint de chasse, de pêche et de piégeage (CCCPP), établi en vertu du chapitre 24 de la CBJNQ dans le but d’administrer le régime de chasse, de pêche et de piégeage.

Résumé des accords applicables et des organismes engagés dans la gestion de l’ours blanc au Québec et dans les régions marines d’Eeyou et du Nunavik

Zone

Sous-zone

Gouvernement responsable

Accord1

Comité et conseils de gestion

Autres organisations engagées dans la gestion

Québec

Québec

Gouvernement du Québec (MFFP)

CBJNQ

CCCPP

  • Gouvernement de la nation crie
  • Association des trappeurs cris (ATC)
  • Associations des trappeurs cris locales
  • Association des chasseurs, des pêcheurs et des trappeurs du Nunavik (RNUK)
  • Association des chasseurs, des pêcheurs et des trappeurs locale (LNUK)
  • Société Makivik

Région marine d’Eeyou

Eaux et glace de mer dans les régions marines

Gouvernement fédéral (ECCC)

ARTRME

CGRFRME

Îles dans les régions marines

Gouvernement du Nunavut (ministère de l’Environnement)

Région marine du Nunavik

Eaux et glace de mer dans les régions marines

Gouvernement fédéral (ECCC)

ARTIN

CGRFRMN

Îles dans les régions marines

Gouvernement du Nunavut (ministère de l’Environnement)

  1. Dans les régions marines, d’autres accords s’appliquent concernant les droits de récolte dans des zones d’utilisation commune entre les Cris d’Eeyou Istchee et les Inuits du Nunavik, entre les Inuits du Nunavik et du Nunavut, ainsi qu’entre les Inuits du Nunavik et du Labrador. D’autres organismes sont également engagés dans la gestion de la récolte d’ours blancs dans ces zones, soit le Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut et le Secrétariat des Torngat.

 

Dans la RME et la RMN, les eaux et la glace de mer sont sous l’autorité du gouvernement fédéral (Environnement et Changement climatique Canada) alors que les îles sont sous la responsabilité du Gouvernement du Nunavut (ministère de l’Environnement).

Dans la RME, la gestion de la faune est régie par l’Accord sur les revendications territoriales concernant la Région marine d’Eeyou (ARTRME). Le Conseil de gestion des ressources fauniques de la Région marine d’Eeyou (CGRFRME) est l’organisme créé en vertu de l’ARTRME qui prend les décisions relatives à la gestion des espèces sauvages dans la RME, dont celles liées à l’ours blanc.

Dans la RMN, c’est l’Accord sur les revendications territoriales des Inuits du Nunavik (ARTIN) qui régit la gestion de la faune. Le Conseil de gestion des ressources fauniques de la Région marine du Nunavik (CGRFRMN) a été créé en vertu de cet accord et est chargé de prendre des décisions relativement aux questions liées à la gestion des espèces sauvages dans la RMN, dont l’ours blanc.

Dans la RMN et la RME, il existe des territoires pour lesquels des droits réciproques ont été définis par des ententes d’utilisation commune. Trois accords de cette nature s’appliquent et font partie intégrante des accords sur les revendications territoriales :

  • Ententes réciproques entre les Inuits du Nunavik et les Inuits du Nunavut (chapitre 27 de l’ARTIN);
  • Entente consolidée relative à la région extracôtière de chevauchement des intérêts cris et inuits entre les Cris d’Eeyou Istchee et les Inuits du Nunavik (Entente de chevauchement Cris-Inuits [dans le chapitre 28 de l’ARTIN et le chapitre 30 de l’ARTRME]);
  • Droits et intérêts des Inuits du Nunavik dans la partie de la région du règlement des Inuits du Labrador située dans la région de chevauchement (chapitre 29 de l’ARTIN).

Mesures de gestion

Seule la récolte d’ours blancs de la sous-population du sud de la baie d’Hudson est limitée, par le biais d’une prise totale autorisée et de limites non quantitatives. En effet, depuis le 1er juillet 2017, une prise totale autorisée de 23 ours est en vigueur pour le Québec et les régions marines adjacentes, en plus de plusieurs limites non quantitatives, soit le respect d’un ratio de récolte d’une femelle pour deux mâles, l’enregistrement de toutes les mortalités induites par l’humain, la protection des oursons, celle des femelles accompagnées d’oursons et des ours de moins de trois ans (excepté pour la défense de la vie et des biens) ainsi que la protection des ours dans leurs tanières. L’enregistrement de la récolte est toutefois toujours effectué sur une base volontaire au Québec.

Par ailleurs, une entente conclue entre l’Association des chasseurs, pêcheurs et trappeurs du Nunavik (Anguvigaq) et le Gouvernement du Québec balise les pratiques de chasse à l’ours blanc des Inuits du Nunavik par des limites non quantitatives depuis les années 1980. 

Règlements sur l’ours blanc (1984) (Anguvigaq) [traduction]

  1. Que la chasse à l’ours blanc soit interdite du 1er juin au 31 août.
  2. Qu’il soit interdit de tuer des femelles accompagnées d’oursons durant toute période de l’année, à moins qu’il s’agisse d’ours problématiques*.
  3. Qu’il soit interdit de tuer les ours blancs dans leurs tanières. De plus, qu’il soit interdit pour quiconque, y compris des chercheurs et des Inuits, de perturber un ours dans sa tanière à moins qu’une autorisation ait été obtenue après des discussions avec Anguvigaq Wildlife Management Inc. et un examen du Comité conjoint de chasse, de pêche et de piégeage.
  4. Qu’il soit interdit de tuer des ours blancs de moins de deux ans durant toute période de l’année, à moins qu’il s’agisse d’ours problématiques*.
  5. Qu’il soit interdit de vendre des oursons de l’ours blanc à toute personne ou organisation à moins qu’une autorisation ait été obtenue après des discussions avec Anguvigaq Wildlife Management Inc. et un examen du Comité conjoint de chasse, de pêche et de piégeage.
  6. Que la responsabilité de délivrer des étiquettes d’ours blancs aux chasseurs inuits revienne aux corporations municipales dans le nord du Québec.
  7. Que le moratoire sur la sédation des ours blancs soit maintenu dans le nord du Québec.
  8. Que chaque communauté inuite reconnaisse le droit de toutes les autres communautés inuites de récolter l’ours blanc, et que celles‑ci continuent de s’entraider dans les dossiers qui concernent l’ours blanc.

*     Un ours problématique est défini comme étant tout ours blanc qui représente une menace pour la vie ou les biens.


Rôle du MFFP dans la gestion de l’ours blanc

Le MFFP assure la gestion de cette espèce par le suivi de la récolte et par la distribution et le suivi des étiquettes devant être apposées aux fourrures enregistrées. Le Ministère participe également au suivi démographique des trois sous-populations fréquentant le territoire québécois et les eaux adjacentes en collaboration avec les autres gouvernements responsables. Le MFFP peut compter sur le travail de ses agents de protection de la faune pour soutenir sa mission.

Le MFFP tient le registre des ours blancs récoltés, compile et analyse les données sur la récolte. Cette gestion de la récolte d’ours blancs est mise en œuvre à l’échelle des communautés par les représentants du Programme de soutien aux chasseurs (géré par l’Administration régionale Kativik) dans les 14 communautés inuites et par les représentants de l’ATC dans les cinq communautés côtières cries d’Eeyou Istchee. Présentement au Québec, les Inuits et les Cris n’ont pas l’obligation d’enregistrer leurs récoltes d’ours blancs auprès du Ministère. Ils le font sur une base volontaire.

En vertu de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune (chapitre C-61.1), la possession d’une fourrure d’ours blanc est soumise à des règles au Québec. Le MFFP assure la distribution et le suivi des étiquettes obligatoires pour toute personne non autochtone ayant une peau d’ours blanc non apprêtée en sa possession ainsi que pour l’exporter hors Québec. Le MFFP a la responsabilité de délivrer les permis d’exportation aux fins du commerce interprovincial.

Le MFFP partage avec les autorités voisines la responsabilité d’évaluer l’abondance et les tendances des trois sous-populations d’ours blancs fréquentant le Québec.

Le MFFP, par le travail de ses agents de protection de la faune, est responsable de l’application de la loi et de la réalisation d’enquêtes concernant la déclaration et le commerce des peaux d’ours blancs sur son territoire, en collaboration avec Environnement et Changement climatique Canada. Les agents de la protection de la faune du Québec participent aussi à la promotion de la conservation de la faune et ont élaboré des initiatives d’éducation et de sensibilisation à ces fins. Le MFFP a mis en place des postes d’agents de la protection au sein de certaines communautés cries et inuites en vue de remplir les rôles mentionnés ci-dessus. Par ailleurs, le MFFP nomme des assistants à la protection de la faune (p. ex. : gardiens Uumajuit dans les communautés inuites) pour seconder les agents de la protection de la faune dans l’exercice de leurs fonctions.